La Voix de l'Humanité est un média apparu le 09 Juin 2024 en République Démocratique du Congo dans la ville de Kinshasa, dans le contexte de la solidarité citoyenne.

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Genocost : Denis Mukwege appelle de nouveau à la mise en place d’un tribunal international pour la RDC

Genocost : Denis Mukwege appelle de nouveau à la mise en place d’un tribunal international pour la RDC

Quinze ans après la publication du rapport Mapping des Nations unies sur les droits de l’homme, le prix Nobel de la paix, Denis Mukwege, a dénoncé l’inaction persistante des autorités RD-congolaises et internationales face aux crimes graves commis en RD-Congo entre 1993 et 2003. Publié en 2010 par le Haut-commissariat aux droits de l’homme -HCDH-, malgré de fortes pressions diplomatiques, le Rapport Mapping documente 617 incidents violents, impliquant des crimes pouvant être qualifiés de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité, voire de crimes de génocide.

Le chirurgien RD-congolais a indiqué que l’absence de volonté politique pour mettre en œuvre ses recommandations a permis la poursuite des violences et la consolidation de l’impunité. «Quinze ans après, aucune initiative sérieuse n’a été menée pour engager des poursuites, établir la vérité et réformer les institutions. Les responsables des crimes les plus graves ne doivent plus être récompensés par des amnisties ou des promotions», a-t-il déclaré.

Il a dénoncé le fait que des seigneurs de guerre cités dans le rapport occupent encore des postes au sein des forces de sécurité, du gouvernement et des institutions. L’ancien candidat à l’élection présidentielle de 2023 a également dénoncé de graves soupçons de corruption au sein du Fonds national de réparation des victimes de violences sexuelles et des crimes de guerre -FONAREV- et du Fonds spécial FRIVAO, destiné à indemniser les victimes des crimes commis par l’Ouganda, conformément à l’arrêt de la Cour internationale de justice -CIJ- de février 2022.

Pour ce faire, il a exigé des enquêtes indépendantes pour restaurer la crédibilité de ces mécanismes. «Le seul mécanisme de la justice transitionnelle qui a retenu l’attention à ce jour, à savoir les réparations, laisse un goût amer. Nous profitons de cette déclaration pour exprimer, aux côtés des victimes et des survivants, notre profonde indignation suite à des allégations accablantes de corruption et de détournements de fonds visant le Fonds national de réparation des victimes de violences sexuelles et des crimes de guerre créé en 2022, et le Fonds spécial de réparation et d’indemnisation aux victimes des actes illégaux de l’Ouganda en RD-Congo -FRIVAO-, censé exécuter l’arrêt historique de la Cour internationale de Justice -CIJ- prononcé le 9 février 2022 », a-t-il indiqué.

Et de poursuivre : « Ces allégations doivent être enquêtées de manière indépendante par la justice pour éviter que la RD-Congo n’apparaisse comme un État patrimonial et prédateur, insultant les victimes RD-congolaises et la mémoire de millions de morts ».

Mukwege a souligné également que la Communauté internationale reste silencieuse, minée par ses « doubles standards ». « Le système de doubles standards mine la crédibilité des Nations unies et nourrit la répétition des atrocités de masse », a-t-il affirmé, rappelant la résurgence du M23, qu’il a accusé d’être dirigé par l’armée rwandaise.

À en croire Mukwege, après plus de 25 ans de présence de la MONUSCO, l’approche sécuritaire a échoué. Seule une justice transitionnelle crédible, combinant justice nationale, internationale et réformes institutionnelles, pourra briser le cycle des violences. Le prix Nobel de la paix a exhorté les autorités RD-congolaises à traduire en actes leurs récentes promesses en matière de lutte contre l’impunité. Il a appelé à la création d’un tribunal pénal spécial pour la RD-Congo et de chambres spécialisées mixtes, tout en encourageant la Cour pénale internationale (CPI) et les juridictions nationales à user de la compétence universelle, comme dans le cas de Roger Lumbala en France.

Il a demandé que soit rendue publique la base de données confidentielle du HCDH, identifiant les auteurs présumés des crimes documentés.

« Nous réitérons notre demande de rendre publique la base de données du HCDH, actuellement confidentielle, identifiant les auteurs présumés des 617 incidents violents documentés dans le rapport du projet Mapping, et exhortons les autorités RD-congolaises, la Société civile et les partenaires techniques et financiers à exploiter les différents outils de la justice transitionnelle, aussi bien les mécanismes judiciaires que non judiciaires, pour garantir aux victimes RD-congolaises leurs droits à la justice, à la vérité, à des réparations et à des garanties de non-répétition », a-t-il conclu.

 

Hénoc Akano
Africa News RDC / MCP, via mediacongo.net, Via La Voix de l'Humanité

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