Le phénomène « Kuluna » ou la violence des jeunes : un défi pour la gouvernance sécuritaire de la ville de Kinshasa

Le phénomène «
Kuluna » ou la violence des jeunes : un défi pour la gouvernance sécuritaire de
la ville de Kinshasa
La
violence des jeunes dans la ville de Kinshasa est devenue un véritable
casse-tête pour les forces de l’ordre et les autorités urbaines. Le phénomène «
Kuluna » en est une expression très particulière. Outre les chegués,
communément appelés enfants de la rue, dont l’apparition remonte au début des
années 90 à Kinshasa, les Kuluna sont une catégorie de jeunes délinquants
caractérisés par la pratique de la violence avec les armes blanches. Ce phénomène
incognito jusqu’il y a peu atteint ce jour des proportions d’une gravité
extrême. Au départ, on voyait des jeunes d’un quartier ou d’une commune se
liguer contre leurs rivaux d’un autre quartier ou commune, dans une extrême
violence, se blessant mutuellement avec machette, couteau et autres armes
blanches. Petit à petit, ce phénomène a pris un autre visage, parce que ces
jeunes délinquants commençaient à s’attaquer à quiconque tombait dans leur
filet, semant ainsi la terreur dans certains quartiers de la ville de Kinshasa.
Les jours tout comme les nuits, les Kuluna violentent, extorquent, pillent et
blessent de paisibles citoyens, la plupart du temps sous le regard impuissant
de la police dont certains agents ont fini par se faire des complices parmi ces
délinquants. Entre 2006 et 2007, le gouvernement, par le biais du ministre
ayant dans ses attributions la justice et les droits humains, était obligé de
voler au secours des autorités urbaines pour tenter de mater le phénomène.
Cette intervention n’a malheureusement produit aucun résultat escompté. Deux
ans plus tard, soit en 2009, l’opération « tolérance zéro » est décrétée par le
chef de l’Etat. Cette nouvelle politique de lutte contre l’impunité se propose
comme objectif, notamment, la mise hors d’état de nuire de ces jeunes désœuvrés
qui s’illustrent dans le trouble de l’ordre social et public. Des arrestations
massives ont été opérées, des condamnations prononcées, après des procès
publics retransmis à la télévision avant le transfèrement de plusieurs de ces
jeunes dans les prisons de l’arrière-pays comme Buluwo (province du Katanga) et
Angenga (province de l’Equateur). Cependant, pour n’avoir pas été conçue sous
forme de politique publique du gouvernement visant à déraciner le phénomène,
c’est-à-dire s’attaquer à ses causes, la réaction du pouvoir a produit quelques
effets de courte durée que le phénomène a actuellement repris ses allures à
telle enseigne que son ample portée sème terreur et désolation à travers la
capitale et se pose en véritable défi aux dirigeants de la ville de Kinshasa.
Pourtant, la question de la sécurisation des Kinois et de leurs biens reste au
cœur de tout processus de développement. D’où toute l’importance de chercher à
comprendre le phénomène Kuluna en retraçant ses origines, facteurs et causes en
vue d’en proposer les mécanismes d’éradication définitive.
NGIALA FUALA Durcey
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