La Voix de l'Humanité est un média apparu le 09 Juin 2024 en République Démocratique du Congo dans la ville de Kinshasa, dans le contexte de la solidarité citoyenne.

SOCIÉTÉ

Plus d'un million de déplacés internes en mai au Nord-Kivu

Plus d'un million de déplacés internes en mai au Nord-Kivu

1,81 millions de déplacés internes, plus de 130 000 nouveaux cas enregistrés en mai, et 4,19 millions de personnes menacées par la faim en phase aiguë ( IPC3+ ). Des données terrifiantes du rapport insoutenable sur la situation humanitaire dans le Nord-Kivu, publiées le mardi 17 juin 2025 par OCHA/RDC en collaboration avec les partenaires humanitaires. Cuvrant la période du 1er au 31 mai, le document brosse un tableau dramatique de la crise qui frappe la province, particulièrement dans les territoires de Rutshuru et Lubero, où les vagues de déplacement se multiplient au rythme des violences armées.


Le territoire de Rutshuru reste l'un des épicentres de la crise. Les affrontements incessants entre groupes armés dans les zones de santé de Bambo, Birambizo et Kibirizi ont provoqué une vague de déplacements de près de 16 000 ménages, soit environ 96 500 personnes. Ces populations ont fui vers des localités telles que Kizima, Katsiru, Mulimbi, Bishusha ou Kabizo, où les conditions d'accueil sont souvent rudimentaires, faute d'infrastructures adéquates.

Entre le 13 et le 24 mai, les violences ont coûté la vie à au moins huit personnes, tandis que des dizaines d'autres ont été blessées dans des localités comme Katsiru, Gambiriro, Kishishe ou Kojo. Des infrastructures vitales ont été prises pour cibles : le centre de santé de Rebero, soutenu par les humanitaires, a été pillé, privé plus de 8 400 habitants de soins médicaux. Plusieurs maisons ont été détruites par des explosions, ajoutant une couche de désolation à une population déjà meurtrie.


– Marangaza, Kanyabayonga, Kilambo : les nouveaux foyers –

La dernière semaine de mai a vu une dégradation rapide de la situation sécuritaire. Du 27 au 29 mai, plus de 11 000 habitants de Marangaza ont fui de violents affrontements pour se réfugier dans des villages voisins. Le même scénario se répète vers Kanyabayonga et Kilambo, où les conditions de vie restent dramatiques, faute d'accès à l'eau potable, à la nourriture ou aux soins de santé.

La dégradation de la sécurité a contraint deux ONG à annuler leurs évaluations humanitaires, particulièrement dans les zones de santé de Bambo et Kibirizi, où la présence des partenaires reste très limitée. Depuis le 26 mai, une clinique mobile a arrêté ses activités à Kihondo, interrompant les soins pour 25 000 personnes.

– Des centaines de milliers de personnes assistées malgré les obstacles –

Malgré les contraintes sécuritaires, les humanitaires ont pu atteindre un nombre important de bénéficiaires. Plus de 300 000 personnes ont reçu une aide alimentaire le long des axes Sake-Bihambwe et Sake-Kitshanga, deux couloirs critiques pour les déplacés fuyant les lignes de front. À Kingarame, dans le territoire de Nyiragongo, ce sont plus de 20 000 retournés qui ont reçu une assistance vivrière.

Autour de Goma, plus de 30 000 personnes vivant dans des centres collectifs ont constitué d'une aide multisectorielle, couvrant à la fois l'eau, l'hygiène, la santé, l'éducation et la protection. Enfin, à Luotu, dans le territoire de Lubero, 18 000 personnes déplacées ont reçu des articles ménagers essentiels, leur permettant de reconstruire un minimum de dignité dans un fait quotidien d'incertitudes.

– Double paradoxe : retour de populations et aggravation des besoins –

Alors que 2,01 millions de personnes retournées ont été enregistrées à la même date, les conditions de ces retours restent fragiles et souvent précaires. Dans de nombreuses zones, les populations reviennent sans que les conditions minimales de sécurité, d'accès aux services de base et de moyens de subsistance soient garanties. « La poursuite des violences compromet toute perspective de retour durable pour plus de 106 000 personnes déplacées dans les zones de santé de Bambo et Birambizo » , alerte OCHA.

L'enquête rappelle l'urgence d'un soutien accumulé aux partenaires humanitaires, dont les efforts sont freinés par des défis logistiques, sécuritaires et financiers. Alors que la province est au bord de l'effondrement humanitaire, les acteurs appellent à un accès humanitaire sans entrave, à la protection des civils et à un renforcement immédiat des financements pour répondre à l'ampleur croissante des besoins.

Ouragan.cd Via La Voix de l'Humanité

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