Violations graves des droits humains dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu : l’ONU incapable d’enquêter sur les crimes de guerre faute de financement !
Quatre mois après l’adoption d’une résolution jugée historique, la mission d’enquête du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies sur les exactions commises dans l’Est de la RDC (République démocratique du Congo) reste à l’arrêt. La raison ? Une crise budgétaire majeure qui paralyse ses opérations, avant même leur lancement.
Dans une lettre officielle consultée par Reuters, le HCDH (Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme) tire la sonnette d’alarme : faute de financements, il est aujourd’hui dans l’incapacité de documenter des faits potentiellement qualifiables de crimes de guerre.
En février dernier, à Genève, la Communauté internationale adoptait, à l’unanimité, une résolution créant une commission d’enquête indépendante et une mission d’établissement des faits, censées faire la lumière sur les violations graves des droits humains perpétrées dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Le texte faisait suite à une escalade de violences dans les zones sous influence du M23-AFC, mouvement soutenu, selon plusieurs rapports de l’ONU, par le Rwanda.
Mais, à ce jour, aucune équipe n’a été déployée sur le terrain. Dans sa correspondance adressée au Conseil, le Haut-Commissaire Volker Türk déplore un vide budgétaire inquiétant : les contributions volontaires ont chuté de 60 millions de dollars américains cette année, dans un contexte de désengagement progressif des États membres, aggravé par la baisse de l’aide américaine entamée sous l’administration Trump.
"Nous avons des éléments concordants de massacres, de violences sexuelles massives et d’exécutions sommaires, mais pas un centime pour enquêter", a déploré Alex El Jundi, chef de l’Unité de soutien aux enquêtes du HCDH, lors d’une réunion informelle avec les membres du Conseil. Pour lui, plusieurs faits documentés relèveraient sans doute du droit international humanitaire.
Un fonds d’urgence a certes permis de mobiliser 1,1 million de dollars, mais ce montant est déjà épuisé. Le budget nécessaire pour rendre la Commission pleinement opérationnelle est estimé à 3,9 millions de dollars. À ce rythme, l’organe ne pourra pas fonctionner avant 2026, sauf financement inespéré.
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